{Chronique entrepreneuriale}
Il y a quelques mois, j’ai quitté le salariat. Convaincue que mon renouveau professionnel passait par le fait d’entreprendre, je souhaitais redonner du sens à ce que j’avais appris pendant plus de 15 ans.
Mon activité consiste à revisiter les rapports des entreprises avec leurs clients, partenaires et salariés grâce, notamment, à l’intelligence collective. Pour cela je conseille, j’anime, je facilite, j’accompagne les entreprises à intégrer de nouvelles pratiques de collaboration, issues du digital, du milieu start-up et makers : plus d’agilité, plus de sens, plus de faire — et dans le même temps — j’aide les entreprises innovantes à accélérer leur marque et leur potentiel business.
Depuis, j’avance petit à petit dans ce qui s’apparente à un parcours du combattant. Intéressant le mot parcours d’ailleurs : tu PARS…et tu COURS.
Alors, combattre qui, combattre quoi ?
Entreprendre, pour moi, ça voulait dire créer quelque chose de nouveau, qui n’existait pas, pour ne pas dire quelque chose de disruptif. La fameuse idée du siècle (qui n’existe pas). M’établir en tant que consultante, donc dans la « prestation intellectuelle », ça n’était pas entreprendre au sens strict du terme. Faux ! Depuis quelques mois, je multiplie les missions petites, grandes, challengeantes, curieuses, inédites et les rencontres professionnelles enrichissantes. J’apprends tous les jours, en FAISANT et je dessine les contours d’un projet qui m’est propre.
Il a fallu aussi combattre les conceptions erronées de l’entrepreneuriat. Dans son billet : 6 étapes pour créer son entreprise: la folle recommandation de BPIFrance, Philippe Silberzahn, professeur à EMLYON Business School, frappe fort et juste. Avoir l’IDEE, faire une étude de faisabilité, de marché, créer sa boite, trouver un nom, faire un logo, avoir un pitch d’enfer, des cartes de visite, des actions commerciales, …BREF ! LE tourbillon. Mais un tourbillon siloté, phasé, qui donne l’illusion de devoir passer chaque étape pour atteindre le graal. Faux, archifaux. On ne vit pas ça en tant qu’entrepreneur !
Aujourd’hui, je me réinvente chaque jour. Je travaille beaucoup avec Charlotte, Mélanie, Manon et avec plein d’autres !
« Fixer le juste prix ».
D’ailleurs, c’est Mélanie qui m’a ouvert dernièrement le champ des possibles grâce à son atelier : “Fixer le juste Prix”.
Cet atelier, ce sont nos idées reçues, nos combats intérieurs, les constructions mentales des autres avec une bonne dose d’effectuation et un zeste de bon sens pour répondre aux questions fondamentales : comment valoriser ses prestations, à qui s’adressent-elles, quel objectif je me fixe ?
Mélanie, forte de son parcours professionnel riche et atypique, accompagne les dirigeants d’entreprise à vivre GRÂCE à leur entreprise — et non pas POUR leur entreprise. La nuance peut paraître subtile mais elle est en réalité, cruciale. Voici mon retour d’expérience après ces 3 heures passées en sa compagnie et celles d’autres entrepreneur(e)s.
En bonne élève formée au marketing mix et ses 4P, je pensais être parfaitement au fait du point « PRIX ». Non pas que je me sentais parfaitement à l’aise avec ce sujet. Non, je savais qu’il fallait que je m’y attelle à un moment donné.
Erreur n°1 : la question n’est pas centrale. Elle est primordiale — au sens propre — à savoir, on doit y penser en PREMIER LIEU.
Le prix des choses. C’est le cœur de notre réacteur. Non pas parce qu’il s’agit d’ARGENT. Mais parce qu’il s’agit de nous, de nos vies, de la charge qu’on y met, du sacrifice que l’on consent. L’occulter ou y penser plus tard, c’est mettre toutes les chances de son côté pour le plantage. Ça au moins, c’est dit!
Erreur n°2 : penser UNIQUEMENT prix.
Le prix, c’est l’arbre qui cache la forêt. Et la forêt, c’est votre business model. Et le business model, c’est vous qui l’inventez ! Comme le reste d’ailleurs. Il s’agit avant tout de savoir ce que l’on fait, pourquoi on le fait, comment et pour qui on le fait. Les fameux Golden Circles de Simon Sinek. Le prix viendra naturellement. Bon, presque, restera à le défendre et l’assumer. C’est un long processus, ce n’est pas une phase aisée et il faut l’accepter. Patience, quand tu nous tiens…
Erreur n°3 : se conformer au prix du MARCHE
Toujours par (dé)formation professionnelle, je m’attache à regarder la concurrence et à me situer dans cet océan de prix. Pas trop bas, « parce que tout de même, j’ai 15 ans d’expérience à revendre », mais pas trop haut non plus, « parce que, je me lance dans l’innovation, donc bon, voilà quoi ». Alors, on fait quoi avec ça ? Le benchmark, c’est bien, il peut être utile afin de ne pas perdre trop de temps, mais ça ne doit rester qu’un « indicateur » et en aucun un « paralyseur ».
Et puis on a parlé time tracker (la maitrise du temps, c’est crucial), brainstorming dépenses (la base), pyramide de Maslow (le clin d’œil), pommes dans le grenier, travail productif facturable, recettes et … plaisir, équilibre, raison d’être, valeurs, éthique, cadre de travail.
Je suis ressortie de cet atelier un peu confuse par tout ce que je venais de réaliser. Mais après quelques jours, me voilà boostée — avec cette envie de creuser mon POURQUOI et surtout d’APPRENDRE en faisant et de prendre plaisir à ce que je FAIS. C’est le meilleur moyen de créer de la valeur avec mes clients.
L’entrepreneuriat serait-il possible sans sacrifice ? La création de valeur passerait-elle donc par cette quête d’authenticité ? Probablement. En tout cas, ça ne coûte (presque) rien de trouver le juste prix !
Souhila
Facilitatrice et Fondatrice de Bora LáB
Start With Why: How Great Leaders Inspire Everyone To Take Action. Simon Sinek.
Effectuation: Elements of Entrepreneurial Expertise. Saras D. Sarasvathy
Pour le billet de Philippe Silberzahn (et tout le reste !) : https://philippesilberzahn.com/2020/02/03/6-etapes-pour-creer-son-entreprise-folle-recommandation-de-bpifrance/
Pour trouver le programme des ateliers de Mélanie (et Charlotte) et leurs publications (notamment leur excellent ouvrage écrit à 4 mains, que je recommande : Réussir un projet collaboratif) : https://www.explorateur-economicosocial.com
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